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Allons-nous vraiment oublier comment s’aimer ? – Carte blanche

Recette pour des relations réussies - 10 façons prendre soin de ses relations

Allons-nous vraiment oublier comment s’aimer ?

Je suis désemparée. Pour ne pas dire effrayée. Le temps d’écrire ces quelques lignes, je ne veux être d’aucun camp, sinon celui du cœur. Depuis 2 ans, mes proches, le pain au levain, les pickles de légumes maison et le vin (beaucoup de vin) m’ont aidé à tenir debout. Mais depuis quelques semaines, cela ne me suffit plus.

Depuis bientôt deux ans, les gens que je reçois professionnellement ou que je rencontre au hasard de la vie, sont fatigués, désespérés et lassés. Une crise de confiance s’est installée petit à petit, à tous les niveaux et envers tout le monde. Nous avons tous été bousculés profondément ne sachant plus à quoi s’accrocher. J’explore moi-même des états émotionnels jusqu’ici complètement inconnus.

Je suis chaque jour transpercée par ce que je vois et ce que je ressens. La division, les clans, l’opposition, les tensions, les discours méprisants se plaçant comme détenteurs d’une vérité unique, quel que soit leur bord, et je vois la souffrance que cela fait naître chez certain.e.s.

J’assiste, effarée, à des positionnements plein de jugements, émanant de personnes ayant toujours eu ce genre de parti pris en horreur. Ces mêmes personnes qui étaient des défenseurs de la liberté de pensée n’ont de cesse de propager LA vérité  à laquelle elles ont choisi d’adhérer. Et comme si ce n’était pas suffisant, elles/ils déversent leur mépris envers celles et ceux qui n’y adhèrent pas.

N’essayez pas de lire entre les lignes afin d’en déduire de quel bord je suis. Je vous le redis, là tout de suite, je choisis celui du cœur, de l’humanité, de la fraternité/sororité, du lien qui nous unit en tant qu’humains, en tant qu’espèce vivante faisant partie d’un univers définitivement plus grand que ce « soi » dont on parle beaucoup.

Je suis profondément triste de voir qu’aujourd’hui deux étiquettes nous définissent : moutons ou égoïstes. Cela fait 12 ans que j’accompagne des personnes à travers mon métier et s’il y a une chose dont je suis sûre, c’est que l’humain est bien plus complexe que ça. Comment en est-on arrivé là ? Comment avons-nous laissé les choses aller si loin ? Et surtout… Qu’allons-nous faire pour revenir à plus de douceur ?

Si l’on prend un peu de hauteur, si l’on se de débarrasse de nos préjugés et de nos croyances, que voit-on ? Je vais vous partager mon sentiment. Ce que je vois depuis deux ans, ce sont des êtres humains résilients, qui s’adaptent, rebondissent, se battent, réinventent sans cesse leur quotidien pour faire face à quelque chose qui nous était inconnu, totalement inconnu. Des parents se sont retrouvés professeurs, des professeurs se sont mis à la couture en confectionnant des masques, des acteurs de la culture se sont retrouvés amputés de leur essence, le personnel médical/soignant s’est vu à la fois applaudi et méprisé par un manque cruel de valorisation alors qu’il crie et s’essouffle depuis des années.

Il y a aussi eu des citoyens lambda qui se sont mis à dénoncer leurs voisins en manque de contacts humains, des restaurateurs qui se sont vus contraints de contrôler les clients qui les ont soutenu pendant leur fermeture, des femmes ont été encore plus violentées. Des enfants se sont vus privés d’école et des bras de leur famille. La liste est longue… Désespérément longue. Mais, pour la plupart d’entre nous, nous faisons du mieux que nous pouvons, même si le mieux des uns n’est pas forcément en accord avec celui des autres. Sauf que là, on fatigue un peu !

Le lien s’est à la fois effrité et renforcé. Drôle de sensation qui nous ramène à la complexité des humains et à l’horreur que constitue le fait de les classer en deux catégories. Mais je dois vous faire un aveu, moi aussi je me suis fait avoir par cette tendance au clivage et à l’incompréhension. La lassitude, la fatigue, le ras le bol m’ont gagné aussi et m’ont fait aller là où je me refuse d’aller habituellement.

Chaque jour me demande un effort de (re) centrage, de retour à moi, à mon intériorité, de reconnexion à mon cœur. Chaque jour est un exercice… Heureusement, je suis incroyablement bien entourée et j’ai toujours eu de l’amour (en plus du vin) auquel m’abreuvé pour recommencer cet exercice le lendemain. De l’amour, de l’humour, de la bienveillance, de la tolérance, de la piraterie, de la chaleur, de la douceur, je n’ai manqué de rien de tout ça.

Toutes ces choses sont mon carburant. J’aime les gens, profondément. J’aime leurs doutes, leurs convictions, leurs passions, leurs blessures, leur lumière, leurs valeurs, leurs incohérences… Bien sûr j’ai parfois du mal à les comprendre et à ne pas les juger. Je ne suis qu’un humain parmi les autres humains. Mais je reste passionnément convaincue que c’est l’union qui peut nous sauver et pas l’opposition.

Comme tout le monde, j’ai été heurtée par de profondes déceptions, mais de belles surprises m’ont aussi fait vibrer. J’ai eu des confirmations en tous genres, des liens qui se sont fortifiés et d’autres qui se sont effilochés. J’ai été (et je suis toujours) extrêmement fière de certain.e.s, déçue par d’autres.

J’ai malgré tout repéré un point commun parmi les clivages : nous avons tous peur. Que ce soit pour notre santé ou celle des autres, pour nos libertés, pour l’avenir ou pour le présent. Quel que soit le choix que nous avons fait par rapport aux questions soulevées par cette pandémie, nous avons (eu) peur. En tout cas, certains jours j’ai vraiment très peur. Peur que nous ayons basculé dans un monde où les discriminations prennent du terrain. Un terrain que nous avions réussi à préserver en se branchant à l’amour et à la tolérance qui font battre nos cœurs. Peur que certaines choses soient irréversibles et que la remise en question se soit perdue dans la morosité ambiante.

J’ai l’humilité d’admettre que je n’ai pas la solution miracle à ce qui nous arrive. Je peux simplement apporter ma pierre à l’édifice en restant fidèle aux valeurs auxquelles je crois et qui m’ont été transmises : la tolérance, le respect, la bienveillance, l’humour.

Par ces lignes, je veux simplement faire passer un message : je souhaite que, dans mon cœur, chacun.e se sente accueilli.e tel qu’il/elle est, dans toute sa complexité et sans condition. Pour y arriver, je m’emploie chaque jour à faire ce retour, cette reconnexion à mes valeurs de base. Même si ça ne marche pas à tous les coups, je continue à essayer en espérant, qu’au moins de temps en temps, quelqu’un.e sente cet amour, cette chaleur et cette bienveillance que j’essaye de diffuser.

Je vous laisse avec quelques questions : qu’allez-vous apprendre de tout ça ? qu’allez-vous faire pour qu’on ne bascule pas ? quand avez-vous témoigner de l’affection à quelqu’un pour la dernière fois ? quand avez-vous fait l’exercice d’accueillir quelqu’un en vous délestant de vos croyances et de vos convictions ?

Ne répondez pas tout de suite, prenez le temps de vous connecter à vous-même, à votre cœur et voyez ce qui vient…

 

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